Alexandre était tranquillement installé devant Netflix, regardant « McGee Dream Home MakeOver », un documentaire qui suit une instagrameuse à succès dans le domaine de la décoration de maison. Ce soir-là, le projet concernait la famille Hutchinson, avec McGee accompagnant la réalisation d’une demeure de 700 m². Une maison si grande qu’elle faisait réfléchir sur le coût de la facture de chauffage en plein hiver, mais pas seulement. En voyant cette magnifique maison, Alexandre sentit un agacement monter en lui et lâcha un « Ah ces Américains, ils en font toujours des tonnes. »
Puis, Alexandre buggua, se figea.
Le documentaire continuait, mais Alexandre avait fait une pause sur sa propre phrase emplie de jugement et de généralisation. Qu’est-ce qui pouvait bien provoquer cet agacement en voyant un couple construire leur projet de rêve ?
La réponse lui explosa au visage : ils réalisaient un projet qu’il n’arrivait même pas à imaginer, même en rêvant.
Était-ce de la jalousie ? De l’envie ? Ce qui agaçait Alexandre, ce n’était ni le comportement de la famille Hutchinson, ni leur projet, ni leur rêve de famille. Ce qui l’agaçait, c’était son incapacité à rêver aussi grand. Il n’arrivait pas à s’autoriser à kiffer, même en rêve.
Cette introspection révéla beaucoup sur le comportement d’Alexandre. Son égo utilisait des autosaboteurs pour prévenir et minimiser tout rêve pouvant prendre de l’ampleur, jusqu’à dévaloriser une émission de décoration sur Netflix. Mais cela se traduisait aussi dans son travail, ses projets personnels et ses relations.
Alexandre comprit que son émotion se révélait en lui, à l’intérieur de lui, et qu’elle lui appartenait. Personne n’était capable de l’agacer ou de l’énerver. Si le comportement de l’autre le mettait en réaction, c’était en lui que cela se jouait. Que ce soit avec son patron, ses collaborateurs, ses salariés, sa femme ou ses enfants, c’était toujours la même chose.
Cette situation vous est-elle déjà arrivée ?